François Bayrou, arrêtez le massacre !

Ce blog n’a pas vraiment vocation à diffuser mes idées politiques, surtout contre un homme que je respecte par ailleurs. Mais quand cet homme, comme beaucoup d’autres maires, utilise le pouvoir qu’on lui a donné pour massacrer littéralement nos espaces de vie, je ne peux me taire. On m’a doté de parole et capacité d’écriture, je décide donc de donner ici de la voix à ma liberté d’expression.

 

Je ne pensais pas avoir à écrire cet article dès maintenant, la décision de couper les arbres de la place Gramont étant encore juste à l’état de rêve dans l’esprit de Monsieur Bayrou qui souhaite que les arcades de la place soient « dégagées", mais le massacre perpétré cette semaine sur les arbres entre la Place Royale et le Boulevard des Pyrénées, au niveau de la fontaine Lamartine, me fait frémir pour l’avenir.

 

Et vu la vitesse à laquelle ses décisions sont appliquées, je préfère anticiper un peu, car ce n'est pas une fois que les Magnolias de la place Gramont seront à terre qu'il sera très utile de venir pleurer sur ce blog. 

 

Voici donc ma lettre ouverte à Monsieur Bayrou afin que l'abattage des arbres cesse à Pau, et en particulier qu'il ne soit pas porté atteinte à ceux de la place Gramont. 

 

 

Cher Monsieur Bayrou,

 

Comment peut-on couper des arbres, qui ont mis des dizaines d’années à pousser, et qui appartiennent au patrimoine palois, à TOUS les palois, pas à vous seul Monsieur Le Maire ?

 

Si je comprends bien, les trois beaux arbres que vous avez fait couper sur le Boulevard des Pyrénées cette semaine vous gênaient car ils entravaient cette vue qui donne à Pau ses lettres de noblesse et à vous, Monsieur le Maire, une belle vitrine au niveau national ? Mais permettez-moi de vous rappeler, cher Monsieur Bayrou, que ce n’est pas VOTRE ville. Non seulement vous vivez à Borderes, mais en plus la ville vous a été confiée pour 6 ans, pour en assurer la gestion, pas pour la marquer au fer rouge de votre passage ! Si vous la saccagez maintenant, n’oubliez pas, que quand vous serez parti, nous, habitants de la ville de Pau, nous resterons avec ce spectacle désolant sur les bras ! Vous vieillirez confortablement installé dans votre rocking chair dans votre maison à Bordères, pendant que nous, chaque jour, nous continuerons de passer sur le boulevard des Pyrénées, et nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer de vous avoir élu et surtout de vous avoir laissé faire, comme cet autre maire qui en son temps a littéralement massacré notre chère place Clémenceau, et à jamais. Maintenant celui-là repose sous terre, et nous les vivants, nous les palois, nous marchons toujours, lunettes de soleil sur le nez, sur cet affreux et minéral champ de bataille qu’il a laissé. A vous, comme à tous les autres, on vous demande de nous représenter simplement, de faire humblement votre travail de gestion, et non de laisser une MEGA trace de votre passage derrière vous pour satisfaire à votre pouvoir personnel ! On nommera une rue à votre nom au moment de votre départ vers l’au-delà, ne vous inquiétez pas.

 

Et si votre prochain projet Monsieur Bayrou, avant que vous ne rendiez les clés de la ville, est de détruire notre chère Place Gramont, sur des arguments qui ne tiennent absolument pas, je me battrai pour que tout le monde sache que nous, les palois, nous étions contre. En effet, certes cette place n’avait pas d’arbres au XVIIIème siècle lorsqu’elle a été conçue, mais elle n’avait pas non plus de terre-plein central avec des petites fleurs dessus (ni de macadam et de céder-le-passage et de panneaux partout d’ailleurs). Et au XVIIIème siècle, on n’avait pas le réchauffement climatique qui nous menace aujourd’hui, or dans une ville du sud comme la nôtre, les arbres sont essentiels pour conserver un peu de fraîcheur (aucune ombre n’est plus efficace que celle donnée par un arbre en la matière) et dans le cas des arbres de la Place Gramont, vous ne devez pas être sans savoir qu’il s’agit de Magnolias (en parfaite santé, je précise, au cas où vous auriez eu l’idée d’avancer cet habituel argument pour ordonner leur abattage). Or saviez-vous, Monsieur L’Historien, qu'autrefois, dans la région, on plantait des Magnolias devant les corps de ferme et les maisons nobles pour éloigner mouches et moustiques des habitations ? Alors si les mouches ont une moindre importance à Pau, puisque le bétail est loin, les moustiques eux, vont être - et sont déjà - dans de nombreuses régions d'Europe un grand problème. Le moustique tigre est déjà présent dans notre région. Mais dans les appartements de la place Gramont, on n'a jamais vu un moustique (mais vous n'en savez rien, puisque vous n'y vivez pas) - alors que quelques mètres plus loin, dans les jardins autour de la place Verdun, les jardins en sont déjà truffés. Or je sais, pour avoir vécu dans la plaine du Pô en Italie pendant quelques mois, le cauchemar que peut représenter pour les habitants la cohabitation avec les moustiques tigre, d’une agressivité sans pareille pour piquer à toute heure de la journée, rendant impossible la fréquentation des espaces extérieurs sans traitement préalable, traitement extrêmement onéreux et nocifs pour l’environnement (bye bye les petites abeilles, et attention à vous mesdames, si vous êtes enceintes, etc.). Non, vous ne savez pas, Monsieur Bayrou, ce que cela signifie, de ne pas pouvoir profiter de votre jardin à Borderes, parce qu’une armée de moustiques tigre s’y est installée. Alors de grâce, essayez de vous projeter un peu sur la catastrophe qui nous arrive dessus à grands pas, de faire preuve d’un peu d’amour et d’empathie pour les habitants de la ville qui vous ont placé là où vous êtes, et ne coupez pas ces arbres qui nous sont chers ! Vous savez, si on nous enlève toutes les raisons pour lesquelles nous vivons au centre ville pour les remplacer par divers cauchemars (petits commerces qui ferment, stationnement en voiture impossible, et maintenant vie dans un contexte minéral suffocant,…), nous aussi on va finir par venir s’installer à Borderes !!!

Les tilleuls massacrés de la Place Royale pour "dégager la vue". Photo : @ La République des Pyrénées
Les tilleuls massacrés de la Place Royale pour "dégager la vue". Photo : @ La République des Pyrénées