L'écologie, un truc de riches ?

En ce 17 Novembre, un soleil magnifique brille sur la ville, et je prends paisiblement mon café dehors en réfléchissant à tous ces gilets jaunes que j’ai croisés sur la route ce matin et qui, en ce moment-même, sont encore sur les ronds-points, devant les stations services ou les hypermarchés et croient en leur pouvoir de faire changer les choses - que le gouvernement accepte de baisser les prix du carburant, et surtout, surtout, comprenne leur détresse financière au quotidien.

Car oui, la vie est devenue incroyablement chère et ils sont toujours plus nombreux à en baver pour finir leur fin de mois. Alors oui, la bagnole c’est un truc d’individualistes, qui pollue et qui n’est pas glamour, mais leur vie à eux, les gilets jaunes, n’est pas glamour non plus. Il n’y a qu’à voir leur look et leur tronche, à tous ces bonhommes et bonnes femmes sur les ronds-points ce matin, pas besoin d’être chercheur en sciences sociales pour se rendre compte que ce sont là tous les pauvres de la région qui se sont réunis, institués en une communauté solidaire pour essayer de faire entendre leur voix : et en cela, ils sont magnifiques.

 

Ils ont mobilisé leurs réseaux sociaux pour organiser leur manifestation, et même si les chiffres de BFM sont à mon avis un peu borderline - 73 % de français soutiendraient les gilets jaunes, c’est mon frère qui vit avec 750 € d’allocation handicapé chaque mois qui a partagé ce post hier soir sur son Facebook et qui m’a d’abord fait bondir : 73 % ? Mon oeil. En tout cas, dans mon réseau à moi, constitué de bourges, d’écolos, de bobos et de néo-antifascistes, personne ne semble être solidaire du mouvement. Personne ? Tiens, c’est bizarre. Et c’est alors là que j’ai pris conscience de l’horrible bourge que je suis moi-même devenue. Car oui, moi je peux acheter des légumes bio et déblatérer de belles idées pour l’avenir de la planète et oui, j’avoue que finalement le prix du gazole, je m’en tamponne un peu, vu que je roule la plupart du temps en vélo au centre ville et que je ne fais le plein qu’une fois par mois, et encore. Ce ne sont pas des gens comme moi qui sont sur les ronds-points aujourd’hui. Non, eux ce sont des gens qui habitent loin du centre ville et qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leur voiture tous les matins pour aller travailler ou amener leurs enfants à l’école, ce sont des gens comme mon frère qui vivent avec 750 € par mois et qui n’ont rien d’autre à faire au quotidien que de prendre leur voiture pour rencontrer des amis en espérant tuer l’ennui et la solitude. Alors oui, le mouvement a été repris par des dirigeants de sociétés de poids-lourds et d'affreux hommes politiques. Mais l’origine de ce mouvement, ce sont juste des pauvres gens. Des pauvres gens qui se sont organisés pour faire entendre leur voix, avec les moyens qu’ils avaient. Des gens que j’admire profondément pour cela. Et j’espère du fond du coeur que Monsieur Macron les entendra et ne se contentera pas d’envoyer un petit chèque-sparadrap « aux plus démunis », mais baissera bien ces fichues taxes qui ne ciblent définitivement pas les bonnes personnes.

 

Et si mon coeur d’écolo a toujours trouvé le gazole infiniment peu cher par rapport à son impact sur l’environnement, et trouve odieux que les produits bio soient plus chers que les autres, là où ils devraient être la norme pour tous, j’exhorte le gouvernement à enfin donner les bonnes directions à ce pays, à la recherche, à l’agriculture, aux industriels, pour qu’enfin cette question n’en soit plus une : En 2018, l’écologie ne doit plus être un truc de riches, Monsieur Macron. C’est l’affaire de tous. C’est simplement à vous et votre gouvernement de donner les bonnes directions.